Témoin par delà les siècles

2012 - Compostelle019b.jpg

A l’entrée d’un tout petit village, un chataigner multiséculaire regarde du haut de ses vieilles branches toujours vivantes, des générations de pélerins en route vers St Jacques. Ceux de notre époquent suivent les flèches jaunes.

20 mai 2012 – quelque part entre Fonfria et Triacastela

Publicité

Espagne dans la brume

18 mai 2012 – 1ère étape : Ponferrada – Villafranca del Bierzo. 
23km c’est un peu beaucoup pour un tout premier jour de marche. Surtout quand on l’entame à 13h, à peine sorti du bus après une bonne vingtaine d’heures de voyage depuis la Belgique. Mais il y a un petit soleil bien agréable et un souhait de ne pas prendre de retard : cette fois, il faut arriver au but dans les délais appartis. Le chemin quitte la grande ville de Ponferrada par une grand route asphaltée, toute droite et fort fréquentée. Je ne parviens pas à me souvenir d’avoir pris cette route en 2008. Pourtant, c’est bien un étape déjà faite en 2008. Lorsque les flèches indiquent de quitter la route pour monter au milieu des vignobles, le paysage réveille enfin ma mémoire : c’est là que j’avais pris une photo de vignes, là où je m’étais arrêtée pour une pause midi, là où j’avais rencontré un jeune couple de québécois,…   C’est un peu étrange de remarcher sur le passé. La même « albergue » qu’il y a 4 ans. Rien ne semble avoir changé, si ce n’est bien sûr les gens qui sont différents. Le départ « en trombe » se paie de suite par un bon mal au pieds.

19 mai 2012 – étape 2 : Villafranca del Bierzo – O’Cebreiro
Il y a plus de 28km pour atteindre cet objectif mais j’attends cette étape avec impatience. Elle marque l’entrée en Galice. C’est aussi un bout de chemin mythique, avec la longue montée à 1300m jusqu’au petit village de pierre, perdu dans le paysage. Le temps s’est mis au gris et à la bruine. A la sortie de Villafranca, je choisis le chemin de la crête, bien plus joli que la route, plus fatiguant aussi. Pas trop de monde et un beau paysage avec vue sur la vallée et parfois au milieu des bois. Ensuite, une longue descente (je hais les descentes) et on retrouve la route… et un flot incroyable de marcheurs. Gris, mal aux pieds et mauvaise humeur à cause de tout ce monde qui trouble mon besoin de tranquilité : pas de photos du tout.

Un pélerin japonais pérégrine avec un chapeau pointu. Il pense s’arrêter avant O’Cebreiro mais je continue à le rencontrer après chaque village : les auberges sont pleines. Des éclaircies entre les averses ouvrent le paysage sur de magnifiques vues. Le chemin monte et monte. A l’horizon, le ciel se fait de plus en plus noir. J’arrive enfin au sommet… déception : O’Cebreiro était sans doute un petit village perdu, mais est devenu un lieu de tourisme bien fréquenté. Il y a des cars touristiques stationnés, le centre est plein de restos, cafés, hotels et boutiques de souvenirs. Je cherche l’auberge mais avant d’avoir pu y arriver, le ciel noir éclate et jette violemment quantité de grêlons. On est plusieurs à se réfugier dans le premier café venu, puis à repartir une fois l’averse un peu calmée, vers l’auberge. Mais voilà, il est déjà tard et l’auberge est complète…  c’est tout… débrouillez-vous.  Dans le village, tout est plein, même les hôtels et les chambres d’hôtes. Il continue à pleuvoir. Le cafetier très gentil tâche de téléphoner dans les auberges des villages avoisinants, mais il semble bien qu’elles sont complètes elles aussi. Finalement, la seule et unique solution, à moins de marcher encore de longs km dans la nuit tombante et sous la pluis glaciale qui s’est remise à tomber, la seule solution trouvée donc est de partager un taxi à 5 pour le premier endroit où il y a encore de place dans une auberge. Voilà. Un saut de 12km jusqu’à Fonfria. Il me manquera un bout de chemin. Je suis aussi plus loin plus rapidement que prévu. Je vais couper les étapes différemment, en m’arrêtant dans de plus petites places.

 

20 mai 2012 – étape 3 – Fonfria -Samos – une petite vingtaine de km.
Départ au petit matin dans la brume. Le ciel s’ouvre avec le lever du soleil, faisant la place à un peu d’inspiration photographique : premières images 2012.

2012 - Compostelle002b.jpg

Quand partir est aussi mettre un point final

Pour la 6e fois, Nautilus lève l’ancre pour achever un chemin entamé 10 ans auparavant, en 2002.

Un bon 200km à pied, c’est ce qui sépare encore le point d’arrivée 2008 à St Jacques de Compostelle.  Cette fois, j’achève le « Camino » pour de bon.

Pas de voyage « technologique – pc – tablette – smartphone ». Il n’y a rien avec moi que quelques vêtements, trousse de secours, un bon vieux livre et.. bien sûr, mon appareil photo. Mais, si des points Internet se trouvent sur mon chemin, ce qui sera probablement le cas, je ne manquerai pas de mettre ici mes impressions, étape par étape.

A bientôt.