Lacs de couleurs et mer de sel

Comment decrire 4 jours dans le sud bolivien ?  Pas simple tellement ce que l’on peut voir et vivre est dense.

1er jour : les deux jeeps s’elancent vers la montagne.  D’abord en traversant les canyons oranges et decoupes des alentours de Tupiza, puis en grimpant au milieu du paysage, sur des chemins etroits et caillouteux.  Soudain, quelques maisons, un minuscule village dont on se demande bien de quoi il vit, isole comme il est, au milieu de nulle part et balaye par les vents.  La principale source de revenus : les lamas.  Plus on s’eloigne, plus on monte.  La vegetation se fait plus rase, quelques pics enneiges apparaissent au loin et quelques restes de glace sous les pneus.  On entre dans la reserve naturelle du sud Lipez a la tombee de la nuit.  Premiere nuit dans un refuge, munis de dortoirs suffisamment confortables mais, bien sur, pas de chauffage.  Il ya des couvertures mais il est quand meme temps d’avoir apporte son duvet.

2e jour : feu d’artifice de splendides paysages, montagnes colorees d’ocre, de jaune, de vert – puis surtout, une succession de lacs magnifiques tous differents : celui aux rives jaunes, le lac tout blanc, non pas de sel, mais de borax, un lac extraordinairement vert opaque (a cause d’un composant acide… je ne me souviens plus lequel), premiers flamands qui se nourrissent sur un lac blanc et bleu…   Vers midi, on arrive aux sources thermales.  Tout le monde serre un peu/beaucoup les dents le temps de se mettre en maillot, pour avoir le plaisir de se plonger dans une eau a 37-38 degres !   Apres le repas, cap sur une zone de geysers, enfin, plutot de fumerolles et de trous bouillonnants…
La route nous mene ensuite jusqu’au refuge, qui semble aussi accueillant sous le soleil – puis, une fois nos sacs deposes, on file a toute allure pour le point d’orgue de la journee : la laguna colorada (le lac colore) au soleil couchant.  C’est le choc pour tout le monde : arrives au somment d’une butte, l’on apercoit d’un coup, une large etendue d’eau, rouge fonce sur laquelle evoluent des bandes de flamands roses – qui profitent des dernieres heures plus ou moins chaudes pour se nourir des micro-organismes qui donnent au lac cette couleur tout a fait irrelle.  De retour au refuge, ceux qui avaient rapidement accroche leur maillot et leur essuie au fil dehors pour les faire secher, ont une drole de surprise : le gel est tombe  : le linge est droit comme du carton et bien difficile a separer du fil ! 

3e jour : on sort lentement du parc.  Encore de jolis lacs.  Sur le dernier, les flamands ont decide de ne plus faire attention aux visiteurs – ce qui fait qu’ils se laissent admirer et photographier de tres pres.  La route passe par un paysage desertique, troue, par endroits, de groupes de rochers bizarrement erodes.  C’est le cas du fameux « arbre de pierre », qui figure sur toutes les affiches.  La pause midi se fait dans au creux d’un de ces groupes, avec vue sur l’un des volcans semi-actifs de la region : un pic en forme de pyramide qui crache joyeusement un petit filet de fumee. On est a la frontiere avec le Chili.  Le volcan, c’est pour les chiliens.  Le chemin trace ensuite pour arriver doucettement au salar.  En fait, un premier petit salar, moyennement blanc, se profile d’abord a l’horizon.  De loin, une vision surrealiste : un train qui va au Chili le traverse de part en part.  C’est a la nuit tombante que l’on arrive sur le site.  Installation dans un tres joli hotel tout en sel : les murs, les tables, les tabourets et meme le sol ou l’on marche sur du sel fin.  Moment aussi attendu de tous : ici, il y a possibilite de prendre une douche chaude !  Le bonheur total !  Il fait moins froid que la veille.  Une bonne bouteille de vin agremente un excellent repas prepare par notre cuisiniere.  Voila une soiree toute confortable… mais le lendemain, le lever est prevu a 4h du matin…  Objectif : voir le lever du soleil sur le salar.

4e jour : le moment attendu.  Apres un petit bout de route, les jeeps se retrouvent en plein millieu d’une mer toute blanche.  Le soleil fait naitre quelques petits reliefs et nos ombres absolument gigantesques.  Autour de nous, tout devient blanc a des km a la ronde, et craquele en un nombre infini d’hexagones.  L’entree du parc se fait sur une « ile » – un monticule rocheux, plein d’immenses cactus, duquel on peut prendre toute la mesure de l’immensite du lac sale.  On a bien du mal a se rendre compte que tout ca n’est pas ni du gel ni une mer de nuages, mais bien du sel, sur 6 ou 7m de profondeur.  En dessous : une couche d’eau, qui peut remonter selon la saison, et aussi une couche de lithium qui attire bien des convoitises economiques.
Nous avons droit a un diner dehors sur les tables de sel au pied de l’ile, puis a une petite balade, visant droit le volcan que l’on apercoit sans risque d’erreur, le temps que l’on range les voitures.  D’aucuns s’adonnent au plaisir de se prendre en photo a deux, en cherchant des effets d’optique comiques.  Les voitures, qui finissent par nous rejoindre, nous embarquent pour le volcan.  Celui-ci, situe sur une ile aussi, a le sommet tout tronque et tout jaune-orange.  La balade permet encore d’autres vues sur le salar, puis la visite dans une grotte qui abrite des momies de la periode inca ou peut-etre meme anterieure.
Il est interdit de construire sur le salar.  Mais avant cette mesure, une maison de sel avait vu le jour en plein milieu.  Elle est restee le point de rendez-vous des groupes de visiteurs.  C’est la que nous dinons, avant de prendre la route, d’abord pour un saut a l’endroit ou l’on extrait rellement le sel  (la montagne de sel), ensuite pour la ville de Uyuni, point final du tour.

Chacun reprend alors son parcours.  Pour moi, c’est un trajet de nuit pour La Paz, dont la visite devrait clore mon voyage.

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